lundi 17 mai 2010

Jouir jeune ou adulte, tout de suite ou plus tard ou les deux à la fois

Dans un livre commun, deux trentenaires, décrivent l'état de jeunesse et ce qui le caractérise.
En creux, ils évoquent les éléments qui trahissent qu'à coup sûr on a perdu sa jeunesse : "on devient vieux quand on rentre à la maison, à la fois littéralement et métaphoriquement; L'espace devient compartimenté. Il y a moins de porosité entre les lieux, donc entre privé et public.
L'intimité fait partie de "la comédie de l'adulte" disent-ils. On la sacralise, elle devient une affaire sérieuse, un pré carré que l'on défend.

Dans le même ordre d'idée, pour Corinne Maier, une psychanalyste qu'ils approuvent, l'idéal pour une père serait de s'en foutre un peu. Tout est dans le "un peu" : elle fait son boulot de mère, elle nourrit ses enfants, elle les aime, et en même temps, elle n'idéalise pas son rôle.
La frontière de la jeunesse passerait entre ceux qui croient complètement au théâtre de la parentalité et du travail et ceux qui n'y croient qu'à moitié.

La jeunesse, on y vient, c'est l'âge de la jouissance et de son entrave. Etre adulte, c'est avoir enfin la liberté de jouir.
Définition de l'âge adulte...Immédiatement contredite un peu plus loin. Cette fois c'est JL Servan Schreiber dans l'Express : "le propre de l'âge adulte est de savoir différer ses satisfactions"...
Ah, mais les théories bouddhistes qui prônent de savoir vivre l'instant présent alors ?
Ne confondons pas ce qui relève de la prise de conscience intérieure de ce qui relève de l'action. Si on prend prétexte de cette incitation à vivre dans l'instant présent pour se dire qu'il est inutile d'établir des plans à trois ans, c'est une absurdité.

Ou alors on se fait moine bouddhiste ?
Oui, mais alors on sort du système. Les bouddhistes eux-mêmes disent que le temps n'existe pas. Mais que si l'ont vit dans une société où des gens pensent qu'il existe, il importe d'être à l'heure ! Ce n'est pas parce que nous sommes conscients à l'intérieur de nous même de la valeur irremplaçable de l'instant que nous devons sacrifier la réflexion sur notre avenir;

Ainsi va la difficulté d'être aujourd'hui et maintenant. Il nous faut être adulte et jouir sans entrave, tout en conservant la spontanéité de la jeunesse, et savoir différer sa jouissance sans oublier d'agir en prévision de l'avenir, le temps réel étant compté, tout en s'imposant un temps réel long, voire inexistant...

C'est impossible !!!

Parce que ça nous plaît, L'invention de la jeunesse, de François Bégaudeau et Joy Sorman,

dimanche 16 mai 2010

Poison violent, Dieu émois

Katell Quillévéré est en lice à Cannes pour la caméra d'or. Son film, "poison violent" raconte l'apprentissage de l'amour chez une adolescente qui doit s'affranchir d'une famille très catho.
"Rien n'est plus lourd à porter qu'un héritage qu'on n'a pas forcément désiré" écrit Gérard Lefort. Le film raconte le basculement (le sentiment amoureux), cette émancipation, et la religion qui grossit tout. Dans son interview, elle dit son désir impérieux, celui de montrer la difficulté à devenir soi-même, à "s'affranchir des attentes" de ceux qui attendent tant, et mal, les parents.