jeudi 10 février 2011

Droit dans ses bottes

Le 57ème long métrage de Woody Allen dont la sortie est annoncée en septembre prochain se tournait hier dans la cour du Palais Rohan. Le maître des lieux y tenait son propre rôle prouvant ainsi que le réalisateur américain ne détient pas seul le monopole de l’humour.

C’était l’attraction de la semaine, Place Pey Berlan. Une foule de badauds, tenaces malgré le froid, était venue s’agglutiner le long de l’impressionnant dispositif de sécurité, dans l’espoir d’apercevoir les protagonistes du tournage qui se déroulait dans la cour du Palais Rohan.

A vrai dire, de l’extérieur, on ne pouvait qu’apercevoir les immenses projecteurs censés reproduire la lumière du printemps.
Mais les chanceux qui ont pu dépasser la haie du service de sécurité de la production américaine, renforcée par les gardes du corps du maire-ministre de la défense ont pu voir la cour de la mairie transfigurée. Un enchevêtrement invraisemblable de câbles courraient le long des murs de l’enceinte. Le service d’état civil disparaissait derrière la loge de maquillage. La scripte vérifiait l’ordonnancement des plans, sur les rushs, devant son écran de contrôle à gauche, tandis qu’une nuée d’électro, décorateurs et machinos s’affairaient autour des principaux personnages dans le décor : le vieux réalisateur new-yorkais, affublé de son éternel bob kaki, manœuvrant Alain Juppé pour lui indiquer la manière de traverser la cour en tenue de cheval.

Woody Allen, après s’être adjoint les services de Carla Bruni pour « Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu » a cette fois jeté son dévolu sur l’éternel rival de Nicolas Sarkozy ; comme si le tournage suivant exigeait un équilibre politique au sein du gouvernement.
Dans l’écriture du scénario qui fait de Bordeaux le théâtre de sa comédie, il n’a pas ménagé sa peine, pour livrer, clef en main, un rôle à Alain Juppé où ce dernier peut tout à la fois être lui-même tout en flirtant avec une véritable autocritique. Tout en finesse.

L’histoire est assez simple, du moins à ses débuts. Dès les premières images du film, on comprend que la situation en Afghanistan s’est tendue au point que les troupes militaires françaises doivent être renforcées, par une décision imminente du ministre de la défense sous peine d’être décimées. Alain Juppé se voit contraint de renoncer à la séance d’équitation qu’il affectionne lorsque son emploi du temps lui permet de travailler le week-end à la mairie de Bordeaux. Au moment exact où il traverse la cour, rattrapé par son chef de cabinet qui lui annonce les nouvelles alarmantes d’Afghanistan, il est abordé sans équivoque par une jolie femme – Clothilde Hesme - qui lui propose une alternative bien plus alléchante que la perspective de la réunion de crise d’état-major.

C’est cette scène qui était tournée hier au Palais Rohan. Alain Juppé restera-t-il droit dans ses bottes ? Il ne sera pas question d’en dire plus dans cet article. En tout cas de la décision prise par Alain Juppé dépend une suite rocambolesque de quiproquos, suspense, retrouvailles et hasards bienheureux dont Woddy Allen a le secret et le savoir faire. Tout cela prend corps, durant tout son film, à l’ombre de la grosse cloche, au cœur du quartier de la Croix-Blanche, au pied du fronton de l’église Saint-Seurin pour connaître son dénouement au 22 de la rue Albert Barrault.

Il fallait voir le ministre de la défense s’avancer sur les pavés inégaux de la mairie, obéissant aux ordres – une fois n’est pas coutume – du vieillard bavard et charmant. Contrairement aux apparence, Woody Allen ne laisse aucune place à l’improvisation et à l’à peu près, si bien qu’on ne savait plus à la fin, si Alain Juppé était contrarié ou seulement en apparence, pour les besoins du film.

1 commentaire:

  1. J'adore ! J'attends la(les) suites avec impatience. Quand publies-tu un roman ? Je le lirais avec un plaisir non dissimulé

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